Important déploiement des forces de police et
de pompiers du Haut Rhin, vendredi, à Roderen.
En quelques minutes, le petit village, patrie
du célèbre explorateur vertical S. Haffner, s’est vu investi par les forces de
l’ordre.
Quelques instants plus tard, on demandait une
évacuation des habitants qui, sidérés, ont dû quitter leurs tartes flambées
toutes chaudes pour se réfugier dans les cars mis à leur disposition par les
unités d’urgence.
Toute cette affaire a commencé quand le comité
d’arboriculture de la localité a finalement décidé d’élaguer l’unique pommier
du verger municipal. Ce pommier centenaire offrait de magnifiques fruits au
début des Années Folles. Hélas, les aléas de l’Histoire et le fait que le vin
est disponible à peu de frais ont amené le délaissement de l’arbre vedette du
verger de Roderen. Son unique arbre, en fait.
Durant les travaux d’élagage, le président du
comité de l’Arbre a malencontreusement laissé tomber sa scie mécanique. D’un
puissant modèle, elle a heurté le sol, bloquant son mécanisme d’arrêt
automatique et créant une panique passagère chez les arboriculteurs qui s’égaillèrent
rapidement dans la nature, poursuivis par la machine infernale.
Aux dernières nouvelles, l’engin fut retrouvé
dans un boisé de Thann. On cherche encore quelques arboriculteurs mais, en ce
moment, on ne craint pas pour leur sécurité.
Par contre, n’écoutant que son courage, le
célèbre Haffner est vite retourné sur les lieux pour découvrir que la scie
avait creusée un sillon dans le sol, laissant à découvert ce qui semblait être
un coffre.
Considérant le fait que le village de Roderen
fut sur la ligne de front durant quelques années, on ne prit aucune
chance : les autorités furent immédiatement alertées.
Après le passage des démineurs, des
artificiers, des spécialistes des armes chimiques et biologiques, du personnel
du Trésor Public, des organisations écologistes et du curé du village qui
goupillonna avec ardeur le coffre suspect, il fut décidé de procéder à
l’ouverture.
Un vigoureux coup de barre à mine eut raison de
la serrure.
On ouvrit le couvercle pour s’apercevoir que le
contenu ne présentait aucun danger.
On y dénombra une centaine de pitons vieux
modèles, du genre utilisé par les escaladeurs d’autrefois. Quelques papiers
aussi, qui tendent à prouver que le coffre fut enfoui il y a quelques vingt
cinq années par un certain J.C. Droyer.
Il s’agirait d’un lot de pitons retirés de diverses
falaises de France pour choquer la communauté des grimpeurs et les amener à
réviser leurs paradigmes. Le dénommé Droyer aurait caché son butin sous l’arbre
quitte à y revenir plus tard, l’arbre étant ridiculement facile à trouver dans
le verger municipal. On aurait localisé l’individu dans la région parisienne où
il travaillerait dans un magasin bien connu et la gendarmerie le rencontrera
sous peu.
Les autorités de la FFME ont été alertées et doivent se présenter dans les prochaines heures
pour prendre en charge les dits pitons. La FFME pense remettre les pitons en place suite à une analyse chromatographique
et ce, à la plus grande joie des grimpeurs adeptes du tire-clous. Le coffre
sera exposé au musée de cette fédération, juste à coté des premiers chaussons
de P. Edlinger qui y sont scellés dans une cage de Plexiglas pour éviter les
émanations toxiques.
Quant à l’Arbre, il n’a subi aucun dommage
majeur et devrait porter ses premiers fruits viables l’automne prochain. On
annonce déjà une grande fête de La Pomme au village, célébrant
la cueillette et le retour de l’abondance au verger.
[photos Serge Haffner]
JPB