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Chronique québécoise par JP Banville, PALEOLUDIQUE [escalade-alsace.com]

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Chronique québécoise par Jean-Pierre Banville






En cette fin de semaine de l’Action de Grâces, j’ai sauté sur l’occasion pour ouvrir mes deux bouteilles de vin ’’Made in U.S.A.’’.

 

Un conseil pour les amateurs désirant se procurer les cuvées ’’Norma Jeane, a young Merlot’’ et ’’Blue Suede Chardonnay’’.

 

Laissez respirer avant de verser…

 

Moi, j’ai versé dehors, assis sur le patio de la maison de mes Pestes de nièces. C’est l’automne… un vol d’outardes passait au-dessus de la maison au moment où le jeune Merlot coulait dans ma coupe. Deux de ces maudits gros oiseaux sont tombés devant nous dans un état de catalepsie éthylique!

 

Pas croyable! L’esprit de vin s’est sublimé et a perverti l’éther au dessus de la maison. Je ne sais pas ce qu’ils ont mis dans la barrique lors de la fermentation mais il y avait assez d’alcool dans la bouteille pour embaumer Marilyn Monroe une seconde fois.

 

Après cet intermède (on a conservé les outardes pour Noël), le merlot s’est révélé moins épouvantable qu’on ne l’aurait cru. En fait, passablement buvable lorsque dégusté avec des chips au sel de mer.

 

Je le recommande donc aux éthyliques convaincus désirant s’acheter une réputation de connaisseurs.

 

Quant au ’’Blue Suede Chardonnay’’, j’y ai reconnu immédiatement le goût prononcé d’Elvis pour le sucre. Parait qu’il avait un faible pour les douceurs! Malgré le 13% annoncé sur l’étiquette, on aurait juré un jus de raisin pour enfant. Un vin de dessert? Pas assez sirupeux… en fait, assez liquide… trop liquide…un petit goût d’agrume façon Graceland puis la sensation qu’il faut passer à d’autre chose assez rapidement. Genre prendre un café bien fort!

Nous n’avons jamais vu le fond de la bouteille ce qui en dit long sur la valeur du contenu. Donc c’est un vin qui a beaucoup d’avenir dans son pays d’origine, à déguster le matin avec les six beignes au chocolat quotidiens.

 

Je fais bien des farces mais vous savez sans doute que le vin californien possède maintenant une qualité surprenante et vous seriez surpris des bonnes bouteilles qu’on peut trouver chez les producteurs.

Mais dans un petit marché du Maine qui vend du ’’clam showder’’, faut pas mettre la barre trop haut!

 

Étrangement, j’ai reçu ce matin, par courriel, un lien vers une entrevue du nouveau sage d’un magazine d’escalade bien connu et j’ai eu un choc… un peu comme les outardes.

 

On y faisait l’apologie du bidoigt taillé…

 

Je suis pour la sculpture. Et j’ai un intérêt tout particulier pour la sculpture antique. Tous ces marbres qui peuplent les musées!

Donc je ne peux être contre la taille de prises.

J’attends encore de pouvoir grimper sur les courbes d’une Aphrodite taillée dans les flancs d’un site grenoblois. Saisir à pleine main le buste d’une sainte en extase, faire un blocage entre les cuisses d’une Astarté menaçante.

 

C’est le niveau de travail qu’il faut mettre pour que j’accepte la taille de prises.

Ça ou la représentation parfaite d’une prise naturelle voisine.

 

Car j’ai tenté de tailler – on serait fou de ne pas essayer pour voir les résultats. Or ils furent décevants et pourtant je m’étais appliqué à reproduire des prises naturelles pour ensuite les vieillir artificiellement.

On est loin des deux trous de 18 nécessaires à la création d’un bidoigt!

 

Je suppose que la sanction ne vient pas tout simplement parce que la majorité des grimpeurs sortent des salles et que, pour eux, une prise n’est jamais naturelle. Ils sont alors beaucoup plus tolérants quant aux bidouillages que nous le sommes, nous, les antiquités du vertical.

 

Mais alors… pourquoi un ’’sage’’ ne se donne-t-il pas comme mission de remettre les pendules à l’heure? J’ose croire en la solution de facilité plutôt qu’en la paresse intellectuelle.

A moins, bien entendu, d’y prendre plaisir.

Ce serait alors du paléoludisme, nom qui conviendrait très bien à une future voie entièrement taillée.

 

Devons-nous rééquiper une voie à l’identique?

Bien entendu! Dans la mesure où personne ne tombe sur une vire, la distance entre les points est une référence à l’équipeur originel et à son époque. Les grimpeurs qui viennent après ont tout le loisir de voter avec leurs pieds et d’aller faire une autre voie plus représentative de leurs standards. Je le fais souvent…

 

Devons-nous tout équiper?

Si la voie a été faite par les premiers grimpeurs sur coinceurs ou en artif… on la laisse vierge d’équipement sinon pour les relais, toujours pratiques. Il y a tellement de rocher que ça ne vaut pas la peine de gaspiller des points et de l’énergie dans une voie déjà faite. Mettez la même énergie à libérer des secteurs de l’emprise du Biotope…

 

Tout cela me fait bien rire!

L’évolution des mentalités passe par la diffusion du savoir et par l’émulation des personnes ayant une aura de respectabilité dans le milieu.

Si l’apologie du bidoigt est l’évolution, je cire ma planche de surf et mes skis de télémark pour mes vieux jours.

 

Mais je ne crois pas : au mieux c’est une dérive locale dont les effets vont disparaître avec le temps et l’érosion géologique. Nos descendants diront : ’’Tiens, du Paléoludique!!’’

Au pire, je retourne dans le Maine pour m’acheter une caisse de Blue Suede Chardonnay. En fait, je demande une commandite à vie de Graceland Cellars et je sombre dans le Rock Vinicole. Celui où on ne perce que des tonneaux…





JPB






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