Peu
de saisons aussi propices à la lecture que l’automne.
Une
raison bien simple : il n’y a rien à faire d’autre. Soit il pleut, soit il
pleut, soit il pleut encore et lorsque c’est fini, il neige. Un déficit
d’ensoleillement fait grimper dépressions et suicides vers des taux record.
En
prime, cette année, il y a la grippe : la crise la plus mal gérée des
dernières décennies qui n’arrive pourtant pas à faire oublier les scandales
politiques fait de mensonges éhontés et d’enveloppes brunes remplies de
billets.
Pour
oublier le tout, je lis. Je lis sans arrêt. Si je pouvais, je lirais en
marchant – je suis dromomane – hélas il fait trop sombre!
Cette
semaine, au menu, deux excellents livres sur la France. Gérald Messadié et ‘’Jurassic
France’’ puis Philippe d’Iribane avec ‘’L’Étrangeté Française’’.
Je
ne me mêle jamais de politique dans mes chroniques mais je vais faire une
petite exception. Quelques mots seulement.
Maudit
que votre civilisation en prend pour son rhume !
La France est-elle à ce point en
déclin?
N’y
a-t-il rien à faire pour sauver les meubles?
Trop
peu, trop tard et aucune volonté politique?
Étant
francophile depuis toujours, le constat me peine grandement.
Le
pays qui m’a donné mes croissants ne peut faillir!
Heureusement,
l’escalade se porte toujours bien. La
France remporte des médailles, des Coupes, des Masters. La
France forme des champions et l’Industrie de la Montagne brille par son dynamisme. Enfin, les entreprises font
face à forte concurrence et les marges baissent mais la réputation des produits
de montagne français n’est plus à faire. Cet été, j’ai vu CAMP à Premana en
Italie : ils ont un bâtiment tout neuf dédié à la recherche. La
concurrence…
Les
plus belles falaises sont en France : on y vient de partout. On peut rêver
de châteaux en Espagne mais quel pays offre autant de falaises équipées, autant
de voies en montagne? Vous m’objecterez que la
Suisse est bien pourvue… mais de Nice à la Normandie, avouez qu’il y a de quoi faire…
Ma crainte,
c’est la bureaucratie galopante qui est totalement coupée de la base et qui
n’existe que pour conserver ses acquis. Une des raisons de la fossilisation du
pays. Est-ce le cas en escalade? Les
‘’Instances’’ sont elles représentatives des aspirations du menu peuple
vertical ?
Je
ne peux me prononcer avec certitude: il me semble exister un peu d’immobilisme
ou plutôt une direction centrée vers le haut niveau et les compétitions … or
c’est ça qui fait la renommée de la
France à l’étranger. Mais il faut être réaliste : les Dieux ont voulu
que Sharma ne s’intéresse à peu près pas aux compétitions. De même pour Pringle
ou Caldwell. Peu ou pas d’Américains ou de Britanniques en compétition et
certainement pas les meilleurs.
Soupir
de soulagement!
Bientôt
on verra des masses de Chinois et d’Indiens se précipiter aux portillons. Leurs
États respectifs, en quête de légitimité, vont payer les frais et expédier les
meilleurs de leurs milliard de population. Alors?
Autre
chose qui m’houspille, c’est le manque de ‘’culture’’ dans l’univers de la Montagne. On ne crée plus sinon des
‘’clips’’ nombrilistes : où est passé l’univers de l’édition? Trop cher??
Ou est-ce la culture de l’immédiat et du gratuit qui empêche les créations qui
ne soient pas dignes d’oubli dans la minute qui suit ?
N’importe
quoi mais sauvez la boulangerie / croissanterie!
On a
tous droits à nos mythes fondateurs.
D’ailleurs,
je lis que Lama et Steuerer
vont au Cerro Torre pour tenter de libérer la voie du Compresseur de Maestri.
Je
leur souhaite la meilleure des chances et je prie ( terme consacré ) pour
qu’ils aient tout le plaisir possible durant leur séjour. Mais dans le fond de
mon cœur, j’aimerais qu’ils échouent… j’aimerais qu’une prise casse… que ce
soit impossible, le libre.
Parce
qu’on a besoin de mythes. Plus encore que de succès et de performances.
Une
passion sans mythes, c’est d’une aridité effarante.
Le
parfum du mystère…
J’ai
toujours pensé que hisser ce compresseur et installer ces 450 points était l’ultime
preuve de ce que peut réaliser un humain quand on le pousse à bout.
‘’Le
meurtre de l’impossible’’ comme le disait Messner, ce fut lorsqu’on refusa de
croire à la version de Maestri quand il revint de à sa première ascension.
Il
me reste deux croissants.
JPB