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© Escalade Alsace
Yann Corby


Une année d'escalade [septembre 2009 - octobre 2010]

Texte : Florent Wolff - Photos : Florent Wolff, Pierre Bollinger, Julie Galanakis


#3 Canada : Offwidth et multipitches

[Récit du 30 septembre 2009]

"Vu comme ça rince aujourd'hui, je crois que je vais en profiter pour écrire notre dernière chronique sur Squamish"
-"Ok, j'en profiterai pour faire une lessive, ce ne sera pas du luxe..."


Julie, qui nous a rejoint pour cette quinzaine heureusement moins humide, eut la (bonne ?) idée de glisser une corde double dans son sac. Si ce n'est notre lâcheté ou notre paresse, nous n'avons donc plus aucune excuse pour ne pas nous attaquer à des voies de plusieurs longueurs. Décision fut prise de commencer modestement, pour nous accoutumer au style local, des plus fissurés. Constatant, non un certain soulagement, que nous n'avons pas le gros friends n°5, Pierre se lance, en moulinette, dans "Hypertension", une fissure large d'une petite vingtaine de mètres. À propos de cette voie, le topo nous précise "attention, offwidth fans, this climb should not be missed". Il s'agit donc de première "offwidth", fissure large où l'on coince tout ce qu'on peut tant que "ça" monte. Aïe, Pierre chute, et pas qu'une fois. Je ne suis pas en reste des rasades, dans un 6b+ complètement en dalle cette fois, où mes lunettes, pourtant neuves, ne m'ont pas permis d'apercevoir des aspérités qui pourraient servir de "prises". Je pensais que la cotation était faîte dans la fissure de départ, alors que je ne faisais que pénétrer l'enfer du néant préhensile... Restons optimistes ; voilà une bonne occasion pour réviser des manips de réchap apprises dans un "Grimper" d'un autre siècle.
D'apparence modeste, nous comprenons que ces cotations ne signifient plus grand-chose pour nous dès lors qu'il s'agit d'aborder des manières de grimper que nous n'avons jamais pratiqué, en 15 et 20 vingt ans d'escalade...
Pour nous rassurer que nous ne sommes pas subitement devenus mauvais, nous enchaînons la voie voisine, Limelight, un 8a superbe et technique, mais dépourvus de coincements et autre incongruités...


Pierre dans Exasperator (6b, The Chief, Grand Wall)

Premier constat, implacable : nous devons nous considérer comme d'absolus débutants en fissure. Nous choisissons d'aller dans Exasperator (6b), une voie de deux longueurs ultra-classique. Moins physique et plus à doigts, cette fissure fine nous pose bien moins de problèmes. Et les protections se posent sans trop peiner. Il faudra surtout travailler le "large" (offwidth), voire l'extra-large (cheminée...).

Une fois nos quelques projets en couenne enchaînés (Communication, 7c+, Just Can't Do it, 7c+/8a, et surtout Division Bell, 8b, pour Pierre) sur le site "sportif" de Cheakamus, ou encore Technical Ectasy (8a sur un gros bloc au nord de Dreamcatcher) et Vultures Circling (8a, Murrin), nous nous lançons dans la Face ouest du Chief, qui heureusement passe assez tard au soleil.
Nous jetons notre dévolu sur Millenium Falcon, 5.11a (6b+) maximum. Comme nous grimpons en flèche (à trois), je fais les 5 premières longueurs en tête, Pierre les 5 suivantes. Nous parvenons à tout enchaîner à vue, moyennant quelques fébrilités, notamment dans la huitième longueur, acro-agricole, qui se déroule entre une fissure physique (pied à plats sur une dalle moite) et un arbre tout à fait branlant dont on saisit maintenant le pourquoi de son surnom, le "Crazy Magical Tree"... 7 heures plus tard, nous sortons au "petit" sommet du Chief. Avec une vue imprenable sur Howe Sound (la baie de Squamish), et un peu plus d'expérience, ce qui ne sera certainement pas un luxe au Yosemite...


Florent dans Limelight, 8a (Murrin Park) - Florent dans Technical Ectasy (8a, Grand Wall > Forest)

Rest (days)

Que faire quand on ne grimpe pas ? Question existentielle que se posent tous les grimpeurs... Pour être honnête, Squamish n'est pas une belle ville, défigurée par un urbanisme d'un autre temps, où tout se construisait autour de la voiture. Pourtant pas très peuplée, la ville est symptomatique de l'"Urban Spreading" nord-américain, soit un étalement urbain inconsidéré où rien ne se fait sans moteur. Et ne demandez pas la direction du centre-ville, on vous regarderait avec des yeux bizarres. Les lieux de vie sont dans les commerces, pas dans les rues, si larges qu'on comprend bien que le piéton y est persona non grata. Sans V8, point de salut ici bas !

Outre quelques restaurants et le Starbuck Coffee d'où je rédige cette chronique, nous avons testé trois pubs. L'un est celui des grimpeurs et autres maniaques de l'"outdoor", le Brew Pub (qui brasse sa propre bière), l'autres des locaux intégrés socialement, et le dernier, bizarrement notre petit favori, est le "Chieftain". Il est fréquenté par la couche populaire de Squamish, les ouvriers (la ville étant assez industrielle) et les "native" (indiens -terme à ne jamais employer ici-). À part le billard, au tapis rouge sang, et la moquette beige sale, l'unique décoration est assurée par un juke box qui vit ses derniers jours en crachant une country non identifié. Aussi habitués au lieu qu'à l'ivresse, les clients vous dévisageront forcément lors de votre première venue. Ils se dérideront quand vous aurez fini votre première Bud'. Pour autant, n'espérez pas tenir une conversation philosophique, l'accent des locaux est à l'image de leur apparence : rugueux... Et feignez de ne pas vous étonner pas si une native, fraîchement vêtue, vous propose un "cigare". Il ne s'agit pas de tabac ici, mais plutôt certainement de mettre à profit les quelques chambres à l'étage...


Un des nombreux palaces de Whistler, ici le "Four Seasons" - Pierre et Julie

Dans une ambiance opposée, nous conseillons la visite de Whistler, une cinquantaine de kilomètres au nord. Les falaises sont moins belles qu'à Squamish, mais la ville l'est beaucoup plus. Station de ski huppée, Whistler a réussi là où Squamish a échoué. Il s'agit d'une ville charmante, au centre 100 % piéton, où seuls commerces, palaces et touristes ont droit de cité. Si son côté "Disneyland" et sa propreté presque caricaturale ne vous rebutent pas, il est réellement agréable de s'y balader un après-midi, et de conclure par une soirée hockey "Vancouver-Calgary" dans l'un des nombreux pubs, eux tous très propres, peuplés de jeunes sportifs aux sourires flamboyants et de couples de vieux millionnaires liftés.


Flo fait la cuisine - Saumons - Julie au repos, à la falaise de Whistler

Ultime occupation lors de nos nécessaires repos (c'est fou ce que le granite use la peau des doigts) : la randonnée, loin d'être de tout repos. Vous êtes ici dans les montagnes, les gigantesques glaciers environnants sont là pour le rappeler : préparez-vous à grelotter, à la pluie froide et tenace, aux dénivelés inconsidérés mais hautement considérables, aux chevilles gonflées et autres joies de la marche à pied. (En)Vert de la médaille : les paysages sont beaux, et les saumons heureusement plus visibles que les ours, dont les locaux nous assurent pourtant qu'ils sont partout.

Septembre, le mois de Squamish, est fini, nous prenons la route du sud, du soleil dit-on, et surtout du Yosemite.



A suivre....




Merci à nos partenaires :
       Les habits de Pierre et Florent      
   








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